SOLIDARITÉ  MAGAZINE

 

Bulletin semestriel

    de la Commission de la Solidarité Internationale

de l’Association Voir Ensemble

   « Soyons le changement que nous voulons voir en ce monde »

Gandhi

 

N° 48                                                                   2ème semestre 2017

 

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Siège : Voir Ensemble, Solidarité Internationale, 15 rue Mayet, 75006, Paris

CCP :        Voir Ensemble, Solidarité Internationale : 5755065 L 020

Téléphone (Président de la Commission) : 06 60 63 96 60

Adresse électronique : y.dunand@free.fr

 

Équipe de Rédaction :  Caty Cavaillès, Yves Dunand,

                                                     Cécile Guimbert, Alain Bardet

 

Ce bulletin est distribué gratuitement mais, en raison des frais élevés qu'il engendre, les dons à la Commission de la Solidarité Internationale sont les bienvenus.

Ces dons peuvent être adressés directement au Siège de l’association, Voir Ensemble, Commission de la Solidarité Internationale, 15 rue Mayet, 75006 Paris. Les chèques doivent être libellés à l'ordre de "Voir Ensemble, Solidarité Internationale".

Nous enverrons en retour un reçu fiscal car tout don effectué à une association reconnue d'utilité publique donne droit à une déduction fiscale de 66% de son montant.

Avec nos plus chaleureux remerciements anticipés !

 

Une diffusion de Solidarité Magazine en grands caractères (Arial 16) pourrait être envisagée, pour ceux qui en exprimeront le souhait.


Au sommaire

 

« Soyons le changement que nous  voulons voir en ce monde » 

Lorsque j'arriverai (Poème)

Dans les crises… solidaires

Rassemblement CSI à Lyon

Nouvelle composition du Comité de la CSI

L’inclusion scolaire en France :  Histoire, enjeux, perspectives

Madagascar : création d’une classe inclusive pour jeunes déficients visuels dans la banlieue d’Antananarivo

Seules nos aptitudes nous défendront  mieux que quiconque

Awa Baguia : Handicapée visuelle, diplômée en sociologie  au Burkina Faso

Mot à mot  (poème)

Rapport de mission au Togo

Rapport de la coordonnatrice sportive  pour les activités  au Centre des Jeunes Aveugles de Dschang   année scolaire 2016-2017

CERIAV, Centre Artisanal des  Entrepreneurs Aveugles du Cameroun

Nouvelles de la Maison de l'Espérance de Bethléem

Courrier de nos partenaires et de nos lecteurs

Rubrique humour

Recette : Poulet à l’orange

 

 

 « Soyons le changement que nous
voulons voir en ce monde »
par Caty Cavaillès-Alliouz

 

« Soyons le changement que nous voulons voir en ce monde », voilà une pensée directement inspirée de Gandhi, qui, je crois, correspondait bien à l’état d’esprit qui animait notre petite équipe en 1993, lorsque nous lancions, comme une bouteille à la mer, le premier numéro de Solidarité Magazine. Une pensée toujours au cœur de notre engagement aujourd’hui, à la CSI. En 1993, commençait alors une belle aventure, celle d’un bulletin modeste, qui, pendant près de 25 ans, n’a cessé d’être à sa mesure, avec les moyens du bord, un organe d’information, de formation et de réflexion, trait d’union entre les aveugles d’ici et là-bas, passerelle entre les acteurs du Sud et du Nord. 25 ans après, j’éprouve une certaine fierté, - je le reconnais ! - à prendre à nouveau ma plume pour rédiger l’édito de ce numéro.

Qu’y trouverez-vous ? Après notre treizième rassemblement de la solidarité à Lyon en septembre dernier, moment fort et porteur autour de « L’éducation inclusive en France et en Afrique francophone, utopie ou projet de société ? », thème que nous avions commencé à développer dans notre précédent numéro, vous pourrez prolonger votre réflexion tant par l’exposé de Marie-Luce Garapon, Administratrice du Groupement des Professeurs et Éducateurs d’Enfants Aveugles et Amblyopes, que par divers témoignages (Mireille Rahaririaka, pionnière de l’école inclusive à Madagascar, Maurice Kalonji de la République Démocratique du Congo et Awa Baguia du Burkina Faso, tous deux valeureux étudiants non-voyants). De plus, vous aurez un aperçu de notre week-end solidaire grâce au fidèle compte rendu de Yves Dunand, Président de notre Commission, et vous découvrirez la composition du Comité renouvelé, suite aux dernières élections. 3 nouveaux élus, Alain Bardet, Patricia Bodet et André Maitrias, prennent résolument le relais des 3 sortants qui n’ont pas souhaité se représenter, Bernadette Uhrès, Gilles Alliouz et moi-même.

Puis, avec Nicolas Kokouma, Secrétaire de notre Commission, à l’origine du projet de formation pour une spécialisation des enseignants en déficience visuelle au Togo et dans la région par la création de l’Institut Iroko, vous suivrez pas à pas notre militant dans une mission sur la terre togolaise qui l’a vu naître, un modèle du genre. Vous appréhenderez ainsi l’engagement de la CSI sur le terrain : rencontres avec différentes instances gouvernementales et administratives pour que l’institut Iroko voie le jour, visites de 2 écoles pour déficients visuels que nous soutenons à Lomé et à Sokodé, échanges avec les équipes pédagogiques et les élèves, réunions de travail avec les responsables de 2 coopératives de personnes aveugles (culture de champignons, exploitation d’un moulin à céréales), élaboration d’une feuille de route afin de baliser le développement effectif de ces structures, confrontées jusqu’ici à nombre de difficultés. Ensemble, dans le respect, nous essayons de voir comment concrètement vaincre l’adversité.

Ensuite, vous retrouverez avec plaisir certains de nos partenaires de longue date, comme ceux du CESA à Yaoundé, du CERIAV à Douala et du Centre des Aveugles de Dschang au Cameroun, et d’autres plus récents, comme Danielle Beck, qui poursuit inlassablement son soutien à la Maison de l’Espérance de Bethléem. N’oublions pas nos rubriques habituelles : les poèmes de Véro, les courriers du Sud et de nos lecteurs, notre petit brin d’humour, sans omettre notre traditionnelle recette de cuisine pour les « marmitons » de tous pays.

Bien que presque cinquantenaire, la Commission de la solidarité Internationale de Voir Ensemble s’efforce de rester généreuse et dynamique. Soucieuse de sensibiliser notre société aux difficultés de nos frères et sœurs déficients visuels plus démunis, elle propose de temps à autre des manifestations culturelles solidaires. Ainsi, le 20 octobre 2017, le concert de musique arabo-andalouse organisé à Paris, à l’initiative de Mohamed Azzouz, Vice-Président de notre instance, a-t-il été, comme le déclare avec enthousiasme Yves Dunand : « Une réussite tant sur le plan artistique que financier. La musique, à la fois envoûtante et subtile, nous a fait voyager dans l’espace et le temps, avec même un côté festif en seconde partie, et des pièces mêlant harmonieusement les langues arabe et française. À la fin du spectacle, j’ai pu aller voir le chef d’orchestre, Saad-Eddine El-Andaloussi, pour lui exprimer combien nous étions heureux de ce succès. Environ 150 billets vendus, pour près de 2700 euros de recettes, je peux dire que nous sommes comblés ! »

Je ne peux terminer cet éditorial sans rendre hommage avec émotion à un homme de Dieu qui vient de nous quitter, un frère en humanité, un poète, un berger, Marcel Perrier, ancien évêque de Pamiers. Aumônier de Voir Ensemble et de la CSI, de 2008 à 2011, ne nous confiait-il pas au moment de nous quitter : « J'ai trouvé avec vous une collaboration efficace et fraternelle. Je garderai bien vivant le témoignage de votre capacité à transformer les difficultés en chemin. Je n'ai pas fini de transmettre ce programme si évangélique : Voir Ensemble pour Voir Demain ! »

En tournant les pages de ce numéro, nous nous laisserons interpeller par les paroles fortes et solidaires dont notre ami disparu avait le secret. Et, pour que nous continuions plus que jamais à être le changement que nous voulons voir en ce monde, méditons sans nous lasser son message de foi, levain pour une vie de service dans la vraie joie :

 

« Avoir, non pas pour accumuler, mais pour partager.

Savoir, non pas pour éblouir, mais pour éclairer.

Pouvoir, non pas pour dominer, mais pour servir.

Valoir, non pas pour paraître, mais pour être.

Croire, non pas pour limiter l'homme, mais pour le grandir. »

 

Caty Cavaillès-Alliouz,

Saverdun, le 12 novembre 2017

 

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Lorsque j'arriverai
Poème de Marcel Perrier

 

Lorsque j'arriverai

Au terme du chemin

Ô mes amis

Fermez, fermez les yeux

Sur mes faux pas

Oubliez-les, bien vite

Oubliez-les.

 

Lorsque seront croisées

Mes deux mains dans la mort

Ô mes amis

Tendez, tendez vos mains

À l'étranger, au pèlerin

Bien vite, accueillez-les.


 

 

Lorsque seront fermés

Mes deux yeux fatigués

Ô mes amis

Ouvrez, ouvrez vos yeux

Sur les beautés

De cette terre

Oh oui ! admirez-les.

 

Lorsque seront brisées

Ma voix et mes chansons

Ô mes amis

Gardez, gardez les mots

De l'amitié et de l'espoir

Oh oui ! Rechantez-les.

Marcel Perrier

Reflets - Éd. Air libre

 

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Dans les crises… solidaires

 

Les crises se succèdent, bancaires, économiques, sociales, éthiques, religieuses, écologiques… Elles s’étendent au monde entier, devenant planétaires et frappent en premier les plus pauvres et les plus fragiles.

Se présentent alors plusieurs tentations : l’illusion (ça va s’arranger), l’angoisse (on n’en sortira jamais), la fuite (drogue ou suicide), l’individualisme (sauve qui peut), l’intégrisme (durcissement sectaire)…

Ne laissons pas notre planète avancer comme un « bateau ivre », vers des récifs inévitables. Ne cassons pas la ficelle du cerf-volant. Ne décrochons pas les anneaux de la chaîne qui nous relie encore. Ne coupons pas les ponts !

Pour transformer les crises en croissance, se serrer les coudes devient vital. Être solidaire, c’est ne faire qu’un pour résister et pour protester : il y a des erreurs, il y a des coupables, il y a des complices. La protestation est un cri, un acte de survie, le choix de vivre autrement.

Être solidaire, c’est chercher ensemble les causes des difficultés et agir sur elles. C’est ensemble, trouver d’autres manières de produire, d’échanger, de partager… Solidaires, pour apprendre à partager, pas seulement le superflu mais l’avoir, le savoir, le pouvoir…

Un kilo porté par mille personnes c’est une tonne qui se déplace. Un rêve entretenu par plusieurs devient vite un projet. Les petits projets, bien adaptés, sont comme des graines qui deviennent un jardin. Ils changent les mentalités, donnent la joie de réussir ensemble et soutiennent le courage de l’avenir.

« Il y aurait quelque honte à être heureux tout seul » écrivait Albert Camus. « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » disait Jésus. Dans la solidarité, on donne et on reçoit.

Marcel PERRIER

Aumônier de Voir Ensemble

 


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Rassemblement CSI à Lyon
par Yves Dunand (Président de la CSI)

 

Les 16 et 17 septembre 2017, la CSI a tenu son treizième Rassemblement solidaire à Lyon, autour du thème "Éducation inclusive en France et en Afrique francophone, Utopie ou Projet de société ?".

Ces deux journées ont connu un franc succès, tant sur le plan de l'affluence, qui s'est chiffrée à environ 70 personnes, que par le contenu très riche qui ne nous a donné qu'un seul regret, celui du temps malheureusement trop court pour que chacun puisse s'exprimer sur un sujet qui nous touche d'aussi près ! Le programme du samedi après-midi était en effet très dense, avec les interventions de Serge Portalier sur le sens et l'origine du concept de société inclusive, et de Marie-Luce Garapon sur l'inclusion scolaire des élèves déficients visuels en France, puis, en seconde partie, une table ronde animée par Caty Cavaillès qui nous a permis d'entendre les témoignages concrets de nos trois invités, Mireille Rhaririaka, Maurice Kalonji et Radouane Horrane, sur des expériences d'inclusion scolaire à Madagascar, en RDC et au Maroc, complétés par celui de Aboubacar Somah Bokoum, étudiant originaire de Guinée Conakry. Autant d'expériences qui, pour l'heure, loin de s'insérer dans un véritable projet de société porté par les pouvoirs publics, reposent essentiellement sur la foi et la détermination de ceux qui s'y engagent !

La coprésidente du CCFD local, Françoise Roulet, est également venue nous présenter l'action du Comité diocésain du Rhône, et Mgr Barbarin, archevêque de Lyon qui nous a fait l'amitié de répondre à notre sollicitation, a su trouver les mots et le ton qui convenaient pour nous redire à quel point la solidarité occupe bel et bien une place fondamentale dans l'Évangile.

Cette première journée s'est clôturée par un apéritif et un dîner festif offerts par le Groupe du Rhône, et par une soirée de détente avec une pièce de théâtre divertissante interprétée par une troupe composée de membres du groupe Loire Sud de Voir Ensemble.

Le dimanche, nous étions à nouveau à pied d'œuvre dès 8h45 pour débuter notre AG, au cours de laquelle les participants ont pu prendre connaissance des actions et de tout ce qui a constitué la vie de la CSI durant les deux années écoulées. Nous avons également procédé au renouvellement partiel de notre Comité qu'ont intégré, en tant que nouveaux membres, André Maitrias, Patricia Bodet et Alain Bardet. Nous avons remercié pour leur apport à la vie de notre équipe les trois sortants, Bernadette Uhrès, Gilles Alliouz, et surtout Caty Cavaillès, dont Jacques Charlin et moi-même avons tenu à saluer le rôle déterminant qu'elle a joué en assumant la responsabilité de la CSI pendant 14 ans, avant de me céder le gouvernail en 2007, mais en acceptant de rester au Comité pour me seconder jusqu'au terme de ce dernier mandat. Fort heureusement, nous savons que ces liens d'amitié profonde qui se sont tissés au travers de nos engagements au sein de Voir Ensemble et de la CSI demeureront intacts !

À la clôture de notre AG, avant de se diriger vers la basilique de Fourvière pour la célébration eucharistique, tous ceux qui le souhaitaient ont pu acheter des recueils de poésie et des CD de piano en soutien à nos actions, dont Roger Lordong a conservé les exemplaires restants pour en poursuivre la diffusion au sein des Groupes. Qu'il soit ici chaleureusement remercié, ainsi que tous les bénévoles du Groupe du Rhône dont nous avons grandement apprécié la gentillesse et le dévouement, tant pour la préparation que pour le bon déroulement de ce week-end.

 

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Nouvelle composition du Comité de la CSI

 

Suite aux élections qui ont eu lieu à l’occasion de la dernière Assemblée Générale de la Commission à Lyon, le 17 septembre 2017, voici la nouvelle composition de l’équipe. Toutes et tous, nous sommes à votre service.

 

Composition du Bureau

-         Président : Yves Dunand (non-voyant, Villejuif)

-         Vice-Président : Mohamed Azzouz (non-voyant, Champigny)

-         Vice-Présidente : Valérie HACCART (mal-voyante, Villeneuve d'Ascq)

-         Trésorier : Martial Lesay (voyant, Paris)

-         Secrétaire : Nicolas Kokouma (non-voyant, Villeurbanne)

-         Secrétaire adjointe : Patricia BODET (voyante, Clermont-Ferrand)

-         Déléguée nationale au CCFD : Marie-Claude CRESSANT (non-voyante, Montereau)

 

Autres membres du Comité :

-         - Alain BARDET (non-voyant, Paris)

-         - Cécile GUIMBERT (non-voyante, Paris)

-         - André MAITRIAS (voyant, Clermont-Ferrand)

 

Membres de droit :

-         - Jacques Charlin, Président de l’Association (non-voyant, Villeurbanne)

-         - Marion Montessuy, Directrice Générale de l’Association (voyante, Paris)

-         - Père Roger Lordong, Aumônier national (voyant, Lyon).

 

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L’inclusion scolaire en France :
Histoire, enjeux, perspectives
par Marie-Luce Garapon (administratrice du Groupement des
Professeurs et Éducateurs d’Enfants Aveugles et Amblyopes
(extrait d’une intervention au rassemblement CSI de Lyon,
16 septembre 2017)

 

Parler de l’inclusion scolaire telle qu’on la connaît aujourd’hui ne peut se faire sans un regard historique qui nous aide à mieux suivre « le fil rouge des différentes phases de changement » et à éclairer l’avenir.

La place des enfants handicapés dans l’école a toujours fait l’objet de débats passionnés. Le handicap en général a été source d’interrogations et objet de recherches ; la création des Instituts pour les enfants déficients sensoriels en est un exemple.

Que ce soit chez les sourds ou les aveugles, ce sont des pédagogues qui ont cherché des réponses pédagogiques pour des enfants dont ils pressentaient des capacités à apprendre…

De la même manière, au XIXème siècle, c’est le pari de l’éducabilité qui constitue un moteur pour l’accompagnement des enfants « dits arriérés »

 Néanmoins, une fois admise la possibilité d’éducation et d’enseignement avec des outils et des méthodes particulières, une question demeure : l’enfant handicapé peut-il être scolarisé avec des enfants qui n’ont pas les mêmes difficultés que lui ?

C’est vraiment à la charnière du XIXème et du XXème siècle que la question de la scolarisation en milieu ordinaire est posée pour la première fois.

La généralisation de la fréquentation scolaire par les lois Jules Ferry a montré que de nombreux enfants étaient incapables de suivre un enseignement prévu pour tous, ce qui a rendu nécessaire la création de classes spécialisées : le problème de l'orientation des enfants s’est alors posé.

C’est ainsi que l’instruction publique, l’éducation nationale de l’époque a utilisé les premiers tests de mesure de l’intelligence élaborés par Binet et Simon afin de dépister l’insuffisance intellectuelle chez les enfants d’âge scolaire.

Durant plusieurs dizaines d’années, en ce début de XXème siècle, les enfants porteurs de handicaps sont donc scolarisés de manière séparée dans des lieux spécifiques.

À partir des années 70, c’est l’époque de la désinstitutionalisation post 68 et c’est à cette période qu’est promulguée la loi de 1975.

Cette loi introduit une rupture en posant le principe de l’obligation éducative en milieu ordinaire.

La logique de solidarité remplace celle d’assistanat.

Au cours des années 80, il est nécessaire d’appuyer le mouvement de l’intégration par différentes lois. Dès 1990, les textes (annexes XXIV) prévoient l’ouverture de nombreux services de la naissance à 20 ans. La question de la diversité des élèves est centrale et s’inscrit pleinement dans la démocratisation du système éducatif.

Cette position concerne l’ensemble des enfants à risque d’exclusion. Il s’agit des élèves à besoins particuliers, terminologie européenne qui englobe la diversité d’élèves présentant un risque de marginalisation.

Donc entre ces deux situations d’avant hier et d’hier, une marginalisation assumée et une intégration subie, existe une autre alternative : l’école s’attache aux besoins des élèves et ne les caractérise plus par leurs manques.

Ce principe est conforté par la loi du 11 février 2005, qui comporte deux piliers, l’accessibilité et la compensation.

Pour l’Éducation nationale, cet accès à tout par tous se traduit par l’accessibilité aux savoirs et à la connaissance et par le plan personnalisé de compensation susceptible de garantir l’égalité des droits et des chances.

Depuis la loi du 8 juillet 2013, loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école, le concept d’école inclusive fait partie du code de l’éducation et engage tous les acteurs dans une nouvelle conception de la scolarisation des élèves en situation de handicap.

Deux circulaires qui datent d’août 2015 permettent d’apporter des réponses différenciées pour une école inclusive : une qui concerne les dispositifs dans le 1er et le 2nd degré et une autre pour les parcours de formation.

 

Pour nous résumer, nous sommes donc passés d’une logique d’assistanat à une logique de solidarité avant d’entrer dans l’ère de la participation et du droit pour tous à être dans l’École.

Les enfants dits « arriérés » sont devenus « inadaptés » avant d’être « handicapés » et enfin « à besoins particuliers » !

Un changement de droit amène inévitablement un changement de monde : l’intégration ne supposait pas d’adaptations majeures de l’école à ces différences, c’était plutôt l’enfant qui devait s’adapter en s’appuyant sur tous les moyens de compensation qui lui étaient proposés via les professionnels spécialisés.

Aujourd’hui l’inclusion à l’inverse requiert une adaptation de la part de l’école pour apporter une réponse scolaire au plus près des besoins des élèves.

L’école inclusive n’est donc pas une intégration renforcée, plus soutenue.

Dans le processus d’inclusion, l’enfant handicapé est inscrit dans l’école ordinaire et c’est à l’école de trouver les moyens, les aménagements permettant une scolarité répondant à tous les besoins de tous les élèves.

Ce changement amène que l’on est de droit dans l’école, mais bien sûr, le droit ne donne pas le mode d’emploi !

 

Et je voudrais revenir ici sur la question de la scolarisation des enfants déficients visuels…

Si depuis longtemps nous sommes « sortis » du dilemme : milieu ordinaire/milieu spécialisé, d’un raisonnement binaire qui pouvait être enfermant et faire oublier que l’objectif premier était toujours de répondre aux besoins de l’enfant quel que soit le lieu où il se trouvait, la loi de 2013  nous propose un modèle encore différent qui, me semble-t-il, influe sur les pratiques et vient percuter des métiers repérés jusque-là comme utiles voire indispensables à la déclinaison des projets et donc à l’évolution des enfants.

Ces récents changements nous conduisent à la question suivante : « les enfants déficients visuels présentent-ils des besoins particuliers, et s’ils existent, comment trouver ce point d’équilibre entre leur prise en compte et la non différenciation prônée par les textes et le plus souvent revendiquée par les familles ? »

De la même manière, les nouvelles pratiques dans le cadre de cette loi, engendrent-elles une forme d’uniformisation ou permettent-elles à la fois la prise en compte de particularités ?

C’est un sujet complexe au cœur des préoccupations actuelles des professionnels de la déficience visuelle qui peuvent se sentir malmenés et en perte de repères.

Pour répondre à ces questions, je pense une fois de plus qu’il nous faut revenir sur les connaissances, les pratiques, les richesses engrangées depuis 150 ans.

Les professionnels du secteur spécialisé ne doivent pas douter de leurs capacités à vivre ces changements. En effet, depuis plusieurs dizaines d’années dans des contextes très différents, ils ont su mettre en place des collaborations, des coopérations efficaces pour le suivi des élèves.

Ce fut vrai après la loi de 75, après les décrets de création des services, des moments de déstabilisation totale où il a fallu inventer de nouveaux modèles !

Quel est l’enjeu actuel, que nous dit cette nouvelle circulaire d’août 2015 qui abroge et remplace celle du suivi des Projets Personnalisés de Scolarisation (PPS) et celle de la mise en place du plan Handiscol ?

Je cite les termes de la circulaire : « Des réponses différenciées pour une école inclusive : la loi introduit le principe de l’école inclusive pour tous les enfants sans aucune distinction. Ainsi le rôle de l’équipe éducative est de proposer les premières réponses aux difficultés repérées de l’élève. » (…)

Il est certain qu’un changement est en train de s’opérer dans l’environnement de la scolarisation des élèves handicapés en général.

Serge Thomazet qui est Maître de conférences à Blaise Pascal à Clermont-Ferrand résume la situation ainsi : « auparavant les élèves avaient des problèmes pour accéder à l’école, aujourd’hui c’est l’école qui a des problèmes pour accueillir tous les élèves, l’adaptation se fait depuis longtemps dans beaucoup de classes, dans les établissements spécialisés, il s’agit maintenant de rendre le spécialisé ordinaire. ».

Il rajoute : « On sait que les pratiques intégratives sont tout à fait suffisantes et pertinentes pour les enfants dont le handicap, s’il est compensé, n’entrave pas un parcours scolaire ordinaire, c’est notamment le cas pour les enfants présentant une déficience sensorielle. »

Il évoque là entre autres les élèves déficients visuels qui majoritairement sont scolarisés en milieu ordinaire avec le suivi des services, c’est le cas dans 80 départements sur le territoire national à cette rentrée scolaire 2017-2018.

À mon avis, c’est ce travail qu’il faut poursuivre en intensifiant deux préalables qui ont toujours fait partie de notre pratique professionnelle mais qui ont pris une toute autre dimension avec le travail en milieu ordinaire :

La formation initiale : il nous faut rechercher l’excellence dans les compétences des professionnels des services ; les fonctions d’expertise et de construction de projets et d’accompagnement doivent être sans cesse réactualisées.

C’est une question de positionnement professionnel, le professionnel spécialisé doit toujours se demander, quel est le plus que j’apporte par rapport à un personnel non spécialisé.

La recherche de perfectionnement doit être permanente. Les diplômes spécifiques du secteur de la déficience sont indispensables pour garantir la qualité des accompagnements et les fonctions doivent être clairement identifiées pour être comprises des différents partenaires.

Suivant les contextes, la question des collaborations est également à repenser. Des partenariats de qualité peuvent se construire, et travailler ensemble ne constitue pas une disqualification des spécialistes. Les espaces inter-métiers doivent se multiplier pour le bénéfice des élèves. Cette culture que certaines équipes ont su développer depuis plusieurs années n’est pas forcément encore assez prégnante dans toutes les communautés scolaires. (…)

 

En conclusion, je laisserai à Philippe Mérieu le soin de redire les enjeux, les exigences et les perspectives de l’inclusion :

« Jadis pensée en termes d’«éducation spéciale», l’intégration de chaque élève dans l’institution scolaire – quelles que soient les difficultés rencontrées dans son histoire – doit être aujourd’hui conçue selon le principe de «l’accessibilité universelle».

Tel est le projet de l’école inclusive. (…)

Il s’agit de repenser le fonctionnement même de la classe et de l’école à partir d’axes forts :

- un partenariat structuré au service de l’élève, mettant en relation parents, institutions et professionnels spécialisés ;

-une pédagogie différenciée mobilisant des ressources multiples pour aider l’élève à progresser et à se dépasser ;

- une démarche d’orientation tout au long de la vie pour lui permettre de s’inscrire dans un emploi durable. »

 

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Madagascar : création d’une classe inclusive pour jeunes déficients visuels dans la banlieue d’Antananarivo
(résumé de l’intervention de Mireille Rahaririaka lors du
Rassemblement CSI des 16 et 17 septembre 2017 à Lyon)

 

Contexte général

La dégradation économique et sociale a entraîné la baisse substantielle de la qualité de vie des classes défavorisées malgaches, dont le revenu mensuel se situe autour de 25 euros S'y ajoute une insuffisance chronique de financement public pour tout ce qui touche à l’éducation et à la santé. Un enfant sous-alimenté, un environnement scolaire délabré, des instituteurs ou institutrices sans aucune qualification pédagogique, on imagine aisément que dans un tel contexte les enfants non ou malvoyants sont les grands oubliés du système scolaire.

Structures de scolarisation des élèves déficients visuels

À Antananarivo, la Capitale de 2 000 000 d’habitants, l’Association des Aveugles de Madagascar possède la seule structure scolaire destinée aux enfants non ou malvoyants, d’une capacité maximale de 10 élèves pour le primaire et le secondaire. Le montant de l'écolage mensuel, de 25 euros, est cependant inaccessible aux classes défavorisées, et que dire de l’insuffisance chronique de matériels pédagogiques spécifiques tels que Perkins, tablettes etc...

L’autre structure spécialisée la plus proche, dirigée par l’église luthérienne, se trouve à Antsirabe, à plus de 150 km de la Capitale, moyennant un écolage de 85 euros par an, incluant les frais d’internat. 

L’association Mampitasoa Handicap Madagascar

L’association MHM, Mampitasoa Handicap Madagascar, créée en 2014, s'est fixée pour but de consolider et de développer les activités d’encadrement éducatif et social d’une école primaire publique de la banlieue d’Antananarivo, puis de créer une classe inclusive destinée à l’accueil d’élèves déficients visuels.

Notre travail repose essentiellement sur la coopération et le partage de responsabilité entre les parents d’élèves, les instituteurs, les responsables de quartiers, et surtout les femmes, très dynamiques.

De 2014 à 2016, nous avons tout d’abord œuvré au renforcement de l’École Primaire Antsahavory par la mise en place d’une bibliothèque scolaire dotée de manuels en français et en malgache, la création d’une cantine scolaire et la formation des Instituteurs. Nous avons ensuite réalisé une étude de faisabilité pour la création d’une classe inclusive destinée aux enfants non et malvoyants, en coopération avec un expert de l’Unicef et de l’ONG MERCI dirigée par une femme malvoyante, avec la fourniture de livres brailles et de divers matériels pédagogiques par l’Association des Aveugles de Madagascar.

Convention de partenariat.

Les lois, les décrets et les circulaires existants prévoient l’intégration des enfants mal ou non-voyants, mais jusqu’à présent cela ne s’était jamais traduit par des actions concrètes. Or, grâce aux études de faisabilité préalable, notre association MHM a permis la mise en place de la première classe inclusive destinée aux enfants non ou malvoyants à Madagascar, reconnue par l’État.

Les résultats encourageants de nos actions auprès de cette école primaire ANTSAHAVORY nous ont conduit à signer une convention de partenariat en octobre 2016 auprès de la Direction de l’Enseignement Régional d’Analamanga, destinée à renforcer nos activités, et surtout à entériner l’acceptation de la mise en place de la classe inclusive comme projet pilote. La Direction du ministère de l’Éducation Nationale nous a fourni une salle de classe meublée, nous laissant superviser le contenu pédagogique, les instituteurs et l’équipement en matériel adapté.

Équipement et fonctionnement de la classe inclusive.

Concrètement, les matériels pédagogiques tels que lots de formes (carré, rectangle, rond), dominos et divers jeux éducatifs ont été conçus par nos soins et produits dans une menuiserie appartenant à un membre de MHM. Par ailleurs, nous remercions VOIR ENSEMBLE de nous avoir fourni tablettes, poinçons, cubarithmes et matériel de dessin.

L’apprentissage du braille, de la locomotion et de l’arithmétique de base est assuré par un professeur non-voyant, membre de MHM, titulaire d’un diplôme universitaire de droit privé et qui compte une dizaine d'années d'expérience dans l'enseignement primaire et secondaire. Son salaire et ses frais de déplacement sont pris en charge par notre association.

L’enquête réalisée dans les huit quartiers rattachés à cette école en 2015 nous a permis d’identifier trois enfants malvoyants non scolarisés, enquête qui devrait être étendue à la rentrée 2017 à 6 arrondissements de la capitale. Une sensibilisation concertée entre des membres malvoyants de MHM, un expert de l’Unicef et le professeur de la classe intégrée a permis de convaincre les parents de les envoyer à l’école, et surtout de leur démontrer qu’au-delà de leur handicap un avenir demeure possible. Trois jeunes non-voyants habitant dans un quartier plus éloigné ont aussi commencé à suivre les cours, mais leurs parents n’ont finalement pas pu continuer à payer les frais de bus. Un autre élève malvoyant a été retiré par ses parents qui, n’acceptant pas son handicap, ont préféré l’intégrer dans une classe ordinaire. Les deux élèves restants ont montré des changements significatifs : une facilité de communication et d’interaction avec leurs pairs, et surtout une volonté affichée de ne pas manquer une journée de cours. Ils sont vraiment sortis de leur isolement initial et ont acquis aussi les rudiments du braille et des formes.

Néanmoins, l’éloignement de la classe inclusive de la Capitale, malgré la gratuité de l’enseignement, devient un facteur bloquant pour les plus défavorisés. Il serait aussi urgent de doter la classe de machines Perkins, d’une imprimante braille et d’une connexion Internet.

Perspectives

Au-delà des imperfections citées ci-dessus, la réunion de travail que nous avons eue avec la Direction Régionale de l’Enseignement Analamanga du Ministère de l’Éducation Nationale a permis de conclure que notre projet pilote de classe inclusive destinée aux enfants non et malvoyants va être désormais gérée au niveau du Ministère de l’Éducation Nationale. Une convention va définir nos obligations respectives à la rentrée scolaire 2017-2018. Tout en continuant de chercher une solution pour pallier les problèmes de transport, nous espérons ainsi pourvoir gratuitement aux besoins éducatifs des élèves déficients visuels issus de milieux défavorisés et pérenniser les emplois de nos enseignants.

Je conclurai donc en affirmant que, pour MHM, l’éducation inclusive n’est pas une utopie mais qu’elle s’intègre réellement à un projet de société.

MAMPITASOA signifie partager le bien pour vivre un monde meilleur. Alors acceptons et partageons nos différences et nos handicaps !

 

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Seules nos aptitudes nous défendront
mieux que quiconque
par Maurice Kalonji Njingulula, psychologue scolaire malvoyant

 

Je suis né un certain 24 juillet 1983 à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, d'une famille modeste, d'un père militaire et d'une mère ménagère, 6ème d'une fratrie de 8 enfants dont 4 sont atteints de rétinite pigmentaire qui progressivement conduit à la cécité complète.

J'ai débuté mes études primaires dans une école ordinaire de ma ville. Mon instituteur a pris conscience de mes contreperformances en 4ème année de primaire, suite à la baisse de ma vision. Face à cette réalité, j'ai été envoyé étudier à l'institut national pour aveugles (ex Institut Maman Mobutu pour Aveugles) où j'ai été placé en classe de réadaptation pour apprendre le braille et la locomotion. Dans cette même école, j'ai ensuite poursuivi ma scolarité jusqu'à l'obtention de mon bac option latin-philo.

Cette époque a été marquée par une transition : l'Institut, qui n'accueillait jusqu'alors que des déficients visuels s'est ouvert aux élèves voyants pour promouvoir l'enseignement intégré. Je garde de très bons souvenirs de cette expérience car cette forme d'inclusion a été un stimulant et a suscité en nous l'esprit d'émulation et l'estime de soi, ainsi que l'audace d'oser.

Mon baccalauréat en poche, je tenais absolument à faire des études universitaires ; m'armant d'audace, j'ai pris l'initiative de m'inscrire à l'université de Kinshasa, en faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, à l'insu de mes proches qui, je le pensais, n'allaient pas l'admettre, car le système d'enseignement supérieur et universitaire de notre pays n'est pas adapté pour nous et je n'avais pas les moyens matériels pour entreprendre ces études. En effet, l'intelligence et la volonté ne font pas tout.

Les études universitaires étant réputées compliquées et trop exigeantes pour un étudiant avec un handicap visuel, je me suis préparé mentalement pour affronter la situation, me méfiant particulièrement de tout discours visant à me décourager dans mon ambition, l'obtention de la licence. Pour y parvenir, ma famille n'ayant pas les moyens financiers pour subvenir à mes besoins, j'ai été amené à travailler comme précepteur pendant plus de deux années dans des familles ayant des enfants aveugles, afin de financer mes études universitaires.

 

Vouloir c'est pouvoir dit-on. J'ai poursuivi normalement mes études malgré le regard parfois négatif de mon entourage, voire même le découragement de certains amis de la promotion, et pire de certains professeurs qui pensaient que ma place n'était qu'à l'école pour aveugles et non dans une université publique.

En guise d'illustration de ces obstacles, alors que j'étais en première année de licence, le professeur du cours de psychologie sociale entra dans la salle de cours et, me voyant utiliser le braille, s'adressa à moi en disant : « vous, au lieu de rester dans votre école, vous vous permettez de venir ici... Vous pensez vraiment que vous allez vous en sortir alors que des voyants échouent en masse ? »

Ce propos, en dépit de son côté péjoratif et humiliant, avait suscité en moi non seulement la fureur de vaincre mais également renforcé le désir de relever le défi et de tout faire pour encore mieux réussir afin de ne pas donner raison à mes détracteurs. Ainsi, au grand étonnement de tous, je suis parvenu à obtenir mon diplôme bac+5 en psychologie scolaire avec "mention distinction".

Afin de baliser le chemin pour les aveugles qui viendraient après moi, j'ai choisi pour thème de mon travail de fin d'étude universitaire, l'enseignement inclusif, que je considère comme étant le meilleur moyen pour le plein épanouissement social de mes pairs. Je cite : "depuis longtemps les déficients visuels de mon pays souffrent d'être injustement mis à l'écart, stigmatisés et discriminés par la société congolaise"; d'où le titre : « Inclusion des déficients visuels de la RDC dans le système d'enseignement supérieur et universitaire de notre pays : Opinions des professeurs des facultés de droit et de psychologie et sciences de l'éducation ».

Dans le but de faciliter à un maximum d’entre nous l'accès à nos universités, j'ai mené une enquête auprès des enseignants afin de savoir s'ils seraient favorables à l'inclusion des étudiants déficients visuels dans le système. Au terme de mes recherches, il s'est avéré que ceux-ci se sont montrés favorables à cette inclusion à condition qu'on prenne en compte certains paramètres, tels que :

- le renforcement des capacités du corps professoral en matière d'enseignement inclusif, notamment par l'apprentissage du braille... ;

- la sensibilisation de l'opinion publique sur la nécessité de cette inclusion scolaire ;

- l'adaptation des programmes et des méthodes d'enseignement aux déficients visuels, etc.

 

Après un travail de sensibilisation et de plaidoyer auprès des autorités politico-administratives du pays, même si leurs promesses n'ont pas encore eu de retombées positives, je ne baisse pas pour autant les bras et je continue à encadrer et à encourager mes pairs souhaitant poursuivre leurs études, tout en leur montrant les stratégies gagnantes pour optimiser leurs parcours universitaires. Grande est ma joie de constater qu'il y a aujourd'hui une vingtaine d'étudiants déficients visuels disséminés dans diverses institutions universitaires de la ville.

À l'endroit de ceux qui me liront, cette aventure n'a pas été facile car le parcours était très ardu et parsemé d'obstacles en tout genre : physiques, moraux et psychologiques etc. Mais le résultat auquel je suis parvenu m'a montré que le handicap n'est pas une fatalité, moins encore une occasion de repli, ni synonyme de médiocrité ; nous n'avons pas le droit de céder au découragement ; alors mettons tout en œuvre pour prouver le contraire à cet entourage qui parfois a de nous une image très péjorative et ne croit pas aux nombreuses potentialités que nous avons malgré notre déficience.

Ainsi donc, ne nous résignons pas, mettons toujours en avant nos aptitudes ou nos compétences, car c'est ce qui nous défendra le mieux.

 

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Awa Baguia : Handicapée visuelle, diplômée en sociologie
au Burkina Faso

 

Handicapée visuelle, Awa Baguia a soutenu son mémoire de maîtrise en sociologie malgré les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Perte de la vue en classe de seconde, absence de documents adaptés à la bibliothèque, découragement, etc. Aucune de ces difficultés n’est venue à bout de sa détermination à réussir ses études. Aujourd’hui, son défi : obtenir un emploi et valoriser ses diplômes malgré son handicap. Rencontre avec une battante !

- Parlez-nous de votre parcours scolaire

- C’est au cours de la classe de seconde que j’ai perdu la vue suite à un glaucome. Suite à cela, j’ai fait deux années blanches, le temps que mes parents trouvent des solutions pour me réintégrer. J’ai ensuite fait une réadaptation à l’ABPAM à Gounghin, où j’ai appris le braille pendant un an. Puis j’ai réintégré un lycée ordinaire où j’ai repris la classe de seconde et je suis allée jusqu’en terminale et j’ai passé le Bac. je suis ensuite allée à l’université où j’ai étudié la sociologie pendant quatre ans, puis j’ai préparé mon mémoire. Pendant les deux années blanches, j’ai toujours gardé l’espoir que je poursuivrais coûte que coûte mes études.

- Comment s’est passé votre apprentissage du braille ?

- L’apprentissage du braille n’a pas été difficile pour moi. Lorsque je suis arrivé à l’ABPAM, j’ai fait la connaissance d’une dame qui venait aussi de perdre la vue. Elle m’a prise comme sa fille et m’a permis de surmonter psychologiquement mon handicap.

- Lorsque vous êtes arrivée à l’université après le Bac, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez fait face en tant que personne vivant avec un handicap visuel ?

- J’ai fait face à beaucoup de difficultés. Le système n’est pas adapté. La difficulté majeure, c’est la relation avec les enseignants. À l’université, ce n’est pas comme au Lycée où on a de petits effectifs, moins de 100 élèves, où l’enseignant peut accorder du temps à chaque élève. À l’université, nous sommes des milliers d’étudiants, et quand tu es la seule personne handicapée visuelle dans la salle, c’est difficile. Il faut toujours s’approcher des enseignants pour leur faire part de tes difficultés et, si l’enseignant est sensible, il essaie de voir comment t’accompagner.

En plus de cela, tu écris en braille, personne ne sait ce que c’est, l’enseignant dicte son cours, c’est rapide, même les étudiants valides ne s’en sortent pas. Imaginez donc quelqu’un qui ne voit pas ! Il faut avoir de bons amis qui seront toujours disponibles pour te dicter ce que tu as manqué et t’expliquer éventuellement ce que tu n’as pas compris.

L’une des difficultés aussi, c’est l’absence de documents adaptés. Dans aucune des bibliothèques de l’université vous ne trouverez de documents sonores ou en braille. Il faut toujours trouver quelqu’un qui vous le lise. Donc la solution, c’est d’acheter le document physique, le scanner pour pouvoir utiliser la version numérique. Avec les ordinateurs, on installe un logiciel (qui coûte près d’un million de F CFA pour le meilleur), une synthèse vocale et lorsqu’on a la version numérique du document, le logiciel le lit. Mais il faut avoir l’argent pour se procurer un ordinateur, un scanner ou pour aller chaque fois scanner ces documents dans un secrétariat public. C’est donc souvent le problème financier qui en décourage beaucoup qui finissent par abandonner.

- Parlons à présent du mémoire que vous venez de soutenir. Quel est le thème ?

- Mon mémoire s’intitule « Le processus d’inclusion des étudiants en situation de handicap visuel dans les universités publiques de Ouagadougou. »

À travers ce mémoire, j’avais pour objectif de voir quels sont les mécanismes qui sont mis en place dans les universités publiques pour faciliter leur inclusion. Les étudiants en situation de handicap visuel ne sont pas refusés à l’inscription, mais dans les faits, on s’est rendu compte qu’aucun mécanisme n’est réellement mis en place pour eux. Ceux qui arrivent à s’en sortir, c’est par leurs propres stratégies personnelles, avec l’aide des camarades valides, des enseignants, des agents de l’administration qui agissent en fonction de leur sensibilité pour accompagner ces étudiants. Le système universitaire n’est pas dans une logique d’inclusion, mais dans une logique d’intégration, parce que c’est l’étudiant qui fait tout pour s’adapter. Qu’il soit atteint de déficience visuelle ou de surdité, c’est à lui de compenser son handicap.

- Avec toutes ces difficultés que vous avez citées, combien de temps avez-vous mis pour rédiger votre mémoire ?

- J’ai mis deux années pour rédiger mon mémoire parce qu’il y a eu des moments de déception. Il y a eu des moments où je ne voulais plus, c’était difficile pour moi, et c’est en partie grâce à l’attitude bienveillante de ma directrice de mémoire que j’ai réussi à aller jusqu’au bout.

En plus de ce manque de documents qui freine le travail, souvent tu te demandes, avec toutes ces difficultés, à quoi va te servir ton diplôme. Finalement, tu te rends compte qu’à tous les niveaux, tu n’es pas comme les autres. Tu dois consulter des documents qui ne sont pas adaptés ; tu demandes à la bibliothèque de t’accorder la permission de sortir avec le document pour le scanner et on refuse. Il a fallu que ma directrice de mémoire intervienne à tout moment.

Je profite aussi de l’opportunité que vous m’offrez pour remercier le Pr Albert Ouédraogo, qui à l’époque était ministre des droits humains. Il a proposé un jour de faire scanner les documents par sa secrétaire pour moi, et quand il a vu le volume que cela représentait, il s’est rendu compte que sa secrétaire ne pouvait pas le faire. Il m’a donc donné de l’argent pour que je puisse les scanner dans un secrétariat public, ce qui m’a beaucoup soulagée ! J’ajoute aussi que ma directrice de mémoire m’a permis de trouver plusieurs stages qui m’ont beaucoup aidée, et elle a vraiment été fière lorsque j’ai présenté ma soutenance.

- Quelles sont vos recommandations à l’endroit des autorités universitaires pour une meilleure inclusion des étudiants en situation de handicap visuel ?

- Si nous voulons réellement aller dans cette dynamique d’inclusion, il faut que quelque chose soit fait pour permettre à ces étudiants de se sentir à l’aise un tant soit peu dans leurs études, même s’il est vrai qu’on ne peut pas éradiquer toutes les difficultés. Il faut qu’ils soient accompagnés pour mieux s’adapter au système. Ce problème se pose aussi au niveau du secondaire, mais à un moindre degré puisque les classes sont moins nombreuses et l’enseignant peut avoir un œil sur chacun des élèves.

- En dehors de l’université, quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?

- Quand on parle de handicap, les gens pensent tout de suite au problème d’accessibilité. Et pourtant le handicap ne se limite pas à ce seul problème d’accessibilité. Il faut surtout que les mentalités changent vis-à-vis du handicap, que les gens soient plus ouverts. Je n’ai pas beaucoup de difficultés dans mon interaction avec les autres, mais ce que je remarque de façon générale, c’est que les gens n’arrivent pas à accepter que la personne en situation de handicap est comme toute autre personne.

- Maintenant que vous avez soutenu votre mémoire, quelles sont les perspectives ?

- Tout d’abord, il me faut un emploi, et ça c’est un vrai défi qu’il faut relever ! L’école, ça a été dur, mais le plus difficile, surtout pour une personne handicapée visuelle, c’est avoir un emploi, car les politiques ne sont pas encore appliquées comme elles le devraient. Ce que je demande, c’est de pouvoir mettre en valeur les diplômes que j’ai pu obtenir. Si aujourd’hui je veux m’inscrire pour le master, il me faut de l’argent, et si je n’ai pas de travail, ce sera compliqué. Et ce défi, ce n’est pas moi seule qui veut le relever. Ce qui décourage beaucoup les handicapés visuels à abandonner les études, c’est l’incertitude face à l’avenir. Je reste pourtant dans l’espoir que quelque chose sera fait. Le fait même que j’ai pu soutenir une maîtrise, j’espère que cela pourra contribuer à sensibiliser nos décideurs.

- Un dernier mot ?

- Je profite de l’opportunité que vous m’offrez pour dire un grand merci à tous ceux qui m’ont soutenue dans mes études jusqu’à aujourd’hui, surtout pendant les moments difficiles dans la rédaction de ce mémoire. Peut-être que beaucoup ont tenté avant moi, je ne dirais pas que je suis intelligente, je dirais seulement que j’ai été accompagnée par les bonnes personnes. Outre ma directrice de mémoire, j’ai eu un tuteur scolaire qui s’est beaucoup investi pour moi. Je les remercie tous, et je remercie encore mes parents qui ont su m’accompagner depuis que j’ai perdu la vue et qui ont surtout eu confiance en moi jusqu’à ce que je puisse réaliser ce rêve. Et ce que je demande aux autorités, c’est de me permettre de valoriser mes diplômes.

Propos recueillis par Justine Bonkoungou, le jeudi 17 août 2017

 

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Mot à mot
(poème de Véronique Laurès, mars 2006)

 

En l'intime silence bat le secret du cœur.

Tout proche, un cœur l'entend, l'écoute, et lui répond.

Et c'est un va-et-vient de mots, comme des ponts,

De parfums attentifs autant qu'évocateurs.

 

Et voilà que s'étire le fil du langage,

Et s'étoffe, et s'allonge encore davantage,

Et des lignes et des courbes dessine allègrement,

Tel un oiseau qui danse entre les bras du vent.

 

Accueillir ton mystère, et sans le retenir,

Caresser du regard, au creux de mon sourire,

La subtile présence dont ta voix complice

Se fait la résonance en un flot de délices.

 

Comme tu me parais beau, comme tu me parais belle,

En ce riche murmure que ton cœur cisèle,

Insufflant à mon souffle des lignes nouvelles,

Dégageant du tissu broderies et dentelles.

 

Ainsi va la rencontre, ainsi va le voyage,

Dans le sillon des mots de nos tendres messages.

 

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Rapport de mission au Togo
par Nicolas Kokouma (Secrétaire de la CSI)

1. Introduction

En 2016, la volonté du ministre togolais des Enseignements Primaire, Secondaire et de la Formation Professionnelle de formaliser la création de l’Institut Iroko en tant que filière dans le programme de formation de l’École Normale d’Instituteurs de Notsè était une avancée significative qui avait suscité beaucoup d’espoir. Malheureusement, des problèmes internes, une communication extrêmement déficiente et l’absence de coordination entre les ministères impliqués dans le projet étaient en passe de porter préjudice à sa concrétisation.

Dans ce cadre et pour relancer le processus, la Commission Solidarité Internationale de Voir Ensemble a donné son accord pour que je me rende au Togo, du 3 mai au 19 juin 2017, en vue d’un ultime plaidoyer pour tenter d’obtenir la validation d’un accord qui entérine l’engagement des autorités togolaises.

 

Le déroulement de la mission, pour laquelle j’ai été accompagné de Patricia Bodet pendant les deux premières semaines, s’est articulé autour de quatre points :

-         Audience avec le ministre des Enseignements Primaire, Secondaire et de la Formation Professionnelle, objet principal de la mission ;

-         Présentation du projet Iroko à l’UNICEF ;

-         Visites et évaluation des activités de deux coopératives de personnes aveugles dans la ville de Lomé ;

-         Visites à deux structures scolaires : IFRAM de Sokodé et Centre Saint Augustin de Lomé, et autres rencontres.

 

2. Audience avec le ministre des Enseignements primaire, secondaire et de la formation professionnelle

 

La rencontre avec le ministre des Enseignements a été un vrai chemin de croix. Il n’a pas de jour d’audience et ne reçoit que sur rendez-vous, d’où ma recherche d’intermédiaires pour faciliter celui-ci. J’ai sollicité successivement l’appui d’un journaliste, de la vice-présidente de l’assemblée nationale, d’un ancien ministre de la santé, enfin, du doyen de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université de Lomé qui s’est engagé à m’obtenir d’un ami une audience dans les plus brefs délais. Toutes ces pistes étaient accompagnées de promesses aussi alléchantes les unes que les autres, mais la plupart sont demeurées des vœux pieux. Un jour chassant l’autre, mon retour en France s’approchait inexorablement.

Le 6 juin, le conseiller juridique m’a confirmé l’accord du ministère de la Fonction Publique pour la mise en œuvre du projet Iroko. Il ne restait plus que celui du ministère de l’Économie et des Finances pour que soit validé le protocole d’accord par le ministre. Or, après des recherches, et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le conseiller juridique découvrait qu’aucun courrier n’avait été adressé à ce ministère, alors que la secrétaire générale ne cessait de dénoncer notre impatience et notre empressement. Il fallait tout recommencer, dans la splendeur des lenteurs administratives.

À défaut d’une audience avec le ministre, j’ai été reçu par son directeur de cabinet qui m’a expliqué qu’en matière de convention, ils s’entouraient de toutes les garanties, car tous les préalables devront être levés pour éviter la nullité de l’acte. Les lenteurs ne semblaient pas l’émouvoir, puisqu’il a conclu son propos en disant que « l’avion va vite, mais le train aussi arrive à destination », une image qui veut tout dire !

3. Plaidoyer : présentation du projet Iroko à l’UNICEF

 

L’UNICEF est très présente et active au Togo. Son représentant, chargé du programme Éducation, a accepté de me recevoir avec son assistante, au cours d’un entretien cordial et constructif. Après avoir écouté mon projet auquel il s’est montré très réceptif, il m’a assuré de son soutien dans la mesure où nous partageons des objectifs communs.

Il m’a encouragé à poursuivre les démarches, car les progrès accomplis depuis 2016 sont selon lui significatifs.  Il a déploré, cependant, l’absence d’un ancrage institutionnel, d’une direction de l’éducation inclusive ou d’un point focal au niveau du ministère. Depuis 2015, l’UNICEF et Handicap International font un fort plaidoyer pour que le ministère désigne une structure qui puisse recueillir et coordonner toutes les actions allant dans ce sens.

L’UNICEF fonctionne selon un cycle de programmation de quatre-cinq ans. Le cycle actuel finit fin 2018. Les activités, les budgets, les résultats attendus sont déjà fixés et ne peuvent pas être révisés. Mais, tandis que nous continuerons à pousser les autorités pour que le protocole d’accord devienne réalité, que l’UNICEF recherchera des bailleurs, ils pourront envisager d’inscrire le projet Iroko dans leur prochain cycle, pour lequel ils commenceront à travailler à partir du mois de septembre 2017.

 

4. Visites et évaluation des activités de deux coopératives de personnes aveugles dans la ville de Lomé

4.1 Culture de champignons (SCOOPS-CANE)

 

L’état des lieux a révélé qu’en amont, les promoteurs n’ont pas pris en compte l’ensemble des infrastructures nécessaires à la mise en œuvre du projet (construction d’un magasin, d’un local pour le gardien et d’un hangar pour la préparation des ingrédients). Par ailleurs, ils n’ont pas pris les dispositions élémentaires de protection du site par une clôture.

Aujourd’hui, la coopérative est à la recherche d’un financement complémentaire pour achever son installation et démarrer l’action. Actuellement, le matériel de production est entreposé en partie chez le président et le secrétaire. Il comprend une arracheuse de paille, un four-séchoir à champignons et deux tonneaux sont encore chez le fournisseur, faute de place.

Le reste de la subvention de la CSI a servi à financer la construction de la champignonnière : travaux de maçonnerie, achats de claies, de planches dont une partie a été volée, et de la paille pour recouvrir le toit.

J’ai pu constater concrètement les difficultés que rencontrent ces personnes dans la rédaction du compte rendu d’exécution de projet, du fait du niveau de l’équipe de direction.

 

Rencontre avec M. Kossi AGBALENYO, spécialiste de la culture de champignons

Une rencontre en tête à tête entre M. AGBALENYO, l’équipe de la coopérative et moi-même a pu se dérouler au siège de l’ONG AGIDE (Association pour la gestion intégrée et durable de l’environnement), basée à Davié, à 30 km au Nord de Lomé.

M. AGBALENYO dirige cette structure qui a développé une expertise dans le domaine des champignons. Ils produisent les semences des champignons comestibles. Ils rachètent aux clients les invendus sous la forme séchée qu’ils transforment en composants alimentaires.

Ils développent des champignons médicinaux pour les problèmes de santé sous forme de farine pour la bouillie, pour le thé et sous forme de gélules. Ils développent également des champignons pour le traitement des animaux, en matière de nutrition dans l’élevage et de renforcement du système immunitaire. Ils développent enfin des champignons sous forme d’engrais biologiques pour les cultures et en matière de protection des plantes contre les ravageurs.

L’État reconnaît leur expertise et leur a ouvert tout l’espace national.

Selon M. AGBALENYO, la culture de champignons est une activité qui n’exige pas de se mouvoir sur de grands espaces, donc adaptée aux non-voyants.

Il s’est montré disposé à les accompagner et à être leur principal client. Pour cela, ils devront aménager le site et démarrer leur activité dans les plus brefs délais.

 

4.2 Moulin à céréales des femmes handicapées en action pour le développement (FHAD)

Après un démarrage en décembre 2015, l’activité du moulin, cofinancé par la CSI et par l’association Aveugles Sans Frontières, a été interrompue, d’abord en février 2016 du fait d’une coupure d’électricité par le fournisseur, pour atelier non conforme, puis, en septembre 2016, suite au licenciement du meunier pour trafic de compteur. Cette activité irrégulière n’a pas permis à la structure de répondre à ses objectifs de départ ainsi qu’aux exigences de compte rendu d’exécution de projet pour la CSI. De plus, des problèmes personnels ont affecté la disponibilité de la présidente, d’où son silence.

Au regard de la mobilisation et du sérieux de l’équipe, je peux affirmer toutefois qu’elle n’a besoin que d’un petit coup de main pour réussir.

 

Recommandations

Une action de suivi par ATA (Association Togolaise des Aveugles) est nécessaire pour conseiller les porteurs de projets et les aider à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent. C’est la condition sine qua non pour la réussite des projets générateurs de revenus initiés par des associations de personnes aveugles au Togo.

Pour répondre à cet objectif, le président de l’association togolaise des aveugles a désigné, à ma demande, une personne pour accompagner les deux coopératives sous son contrôle. Il s’agit d’une personne mise à la disposition d’ATA par l’agence nationale du volontariat, dans le cadre de la promotion de l’emploi des jeunes. Le vice-président de l’association Ton village t’appelle (ATVA) s’est montré lui aussi disposé à apporter son concours à l’équipe des femmes aveugles.

5. Structures scolaires visitées

5.1 Remise de matériel à l’IFRAM Saint-François de Sokodé

Notre arrivée au centre Saint François fut un événement. Il y régnait une ambiance de fête. Les chants et les poèmes des élèves accompagnant notre accueil débordaient d’une émotion communicative. Dans leurs discours, saisissants et chaleureux, le directeur Paoubadi NABEDE et le représentant des parents d’élèves insistèrent sur l’importance de l’appui de la Commission Solidarité Internationale de Voir Ensemble à laquelle ils exprimèrent leur profonde gratitude. Ils saluèrent au passage l’action de leur frère qui les représente si bien au sein de Voir Ensemble, sans jamais les oublier au pays.

S’ensuivit une remise d’un don en matériel qui, s’ajoutant aux envois effectués ces dernières années, constitue une aide précieuse pour accompagner les 30 élèves du centre et les 22 élèves en inclusion scolaire au collège et au lycée. Nous avons reçu en retour deux cadeaux, la tenue d’une femme africaine pour Patricia, et pour moi celle d’un chef traditionnel. Nous étions troublés d’être ainsi honorés et par l’excès de bonté qu’ils nous témoignaient.

L’établissement compte 14 salariés, dont 4 aveugles et 10 voyants. Cette organisation pédagogique sérieuse donne de l’IFRAM Saint-François l’image d’une grande famille où chaque membre se sent reconnu et apprécié. Quatre membres de l’équipe sont cependant exclus d’un projet d’intégration à la Fonction publique, du fait de leur âge.

En fin d’après-midi, nous avons visité le centre islamique dont l’imposante structure contraste avec son petit effectif de 16 élèves. Lors de cette visite, c’est avec satisfaction que Paoubadi nous a présenté deux de ses anciens élèves, sortis de l’École normale d’instituteurs.

Nous nous sommes ensuite rendus à la future ferme agro-pastorale, un terrain de quatre hectares, situé à 9 km de la ville de Sokodé. Initié par Paoubadi NABEDE, ce projet a été financé par l’ONG italienne La Luce Venga et l’association Villages Solidaires, basée en Ille-et-Vilaine, qui a construit un local comprenant le logement du gardien, un magasin et un puits à usage mixte, pour le village et la ferme. Le projet vise à former des adultes déficients visuels et des jeunes sortis du système scolaire. Sur le site, diverses cultures seront pratiquées, notamment des céréales (maïs, sorgho), des tubercules (manioc, ignames, patates douces) et des légumineuses (arachide, oignons, ail), afin que chaque bénéficiaire puisse exploiter plus tard la culture la plus adaptée à son milieu. Les produits de la ferme alimenteront en partie le restaurant scolaire. Le centre Saint François est en attente d’une subvention pour clôturer l’espace dédié à la culture maraîchère et à l’élevage.

Ce projet, s’il est concrétisé dans un proche avenir, pourrait représenter une ressource très précieuse pour le fonctionnement du centre Saint François.

5.2 - Centre polyvalent Saint Augustin de Lomé

Accueillis par la directrice, Mme Pirénam LAGNAN, nous avons fait le tour des classes avant de découvrir la bibliothèque, l’imprimerie, l’atelier de formation artisanale et son show room, la classe de réadaptation en braille qui accueille des élèves venant du milieu ordinaire, la salle informatique adaptée qui fonctionne actuellement au ralenti avec 3 ordinateurs sur 13, enfin, les dortoirs bien entretenus. Dans la cour, trône une paillotte où les élèves, voire le personnel, se retrouvent en temps libre.

La visite s’est achevée au siège de l’association togolaise des aveugles (ATA), un bâtiment qui ferme l’ensemble de la structure. Il abrite des bureaux au rez-de-chaussée et une auberge de huit chambres à l’étage.

L’établissement compte 27 élèves auxquels s’ajoutent 10 élèves en intégration au collège, 20 salariés dont 13 aveugles et 7 voyants.

Ici aussi, 4 salariés sont exclus du projet d’intégration à la Fonction publique, du fait de leur âge.

Recommandations

Afin de donner de la visibilité à l’établissement, j’ai proposé à la directrice d’organiser des journées portes ouvertes, avec divers ateliers, manifestations jamais entreprises à ce jour et qui pourraient permettre au Centre de s’ouvrir aux organisations et aux entreprises locales.

Il est à noter que, pendant les vacances, les locaux sont loués pour des retraites à des groupes de prière, issus de diverses paroisses et appelées ici « légions. »

Les ressources provenant de cette location servent à financer les travaux d’entretien de l’établissement (plomberie, menuiserie, etc.). En 2015, le gain s’élevait à 525 000 FCFA, soit 875 euros et en 2016, à 350 000 FCFA, soit 538 euros.

 

6. Conclusion

Cette immersion, pendant six semaines, dans l’environnement des structures d’aveugles et dans les méandres de l’administration, a été l’occasion, non seulement de revisiter l’action des partenaires sur le terrain en matière d’éducation et de projets générateurs de revenus, mais encore d’éveiller l’attention des autorités sur le dossier Iroko. Nous avons fait un pas dans la bonne direction, mais ce n’est qu’un demi pas.

À l’évidence, deux logiques se télescopent. Notre perception rationnelle des choses et celle des partenaires locaux, pour qui le temps ne compte pas ou peu.

Même si, au plus haut niveau de l’administration togolaise, personne ne doute du bien-fondé du projet Iroko, ni du caractère innovant de notre démarche, nous sommes pris en otages dans cet imbroglio, avec une marge de manœuvre limitée.

Malgré l’aventure passionnante qu’incarne le projet Iroko et l’enthousiasme qui m’a porté jusqu’ici, les incertitudes de cette mission ont entamé mes convictions. Toutefois, peut-on s’arrêter en si bon chemin ?

 

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Rapport de la coordonnatrice sportive
pour les activités  au Centre des Jeunes Aveugles de Dschang
 année scolaire 2016-2017

 

NDLR : Afin de donner un coup de pouce à l'encadrement formel des activités sportives des élèves du CJAD, la CSI a décidé en 2016 de financer la rémunération de cette coordonnatrice pour une durée de trois ans, en attendant sa contractualisation par l'État camerounais.

Les activités sportives et de loisirs

Comme chaque année, une rencontre a eu lieu entre la coordonnatrice des activités sportives et les pensionnaires pour fixer le planning : séances de travail le samedi, le dimanche de 6h à 8h et le mercredi après-midi, du 23 octobre 2016 au 19 mai 2017. 1 garçon et 4 filles ont rejoint les 13 athlètes de l’an passé.

Plusieurs disciplines au programme :

-         L’athlétisme : les courses de vitesse (100m, 200m, 400m)

-         Le cécifoot

-         Le goalball

L’intérêt grandissant des pensionnaires pour ces sports a amené le directeur à inscrire garçons et filles à diverses compétitions.

Le 30 novembre 2016 : Participation à un tournoi organisé à Bafoussam (chef-lieu de la région de l’ouest), regroupant tous les athlètes déficients visuels des autres départements. 2ème prix en goalball, 1er prix en 400m messieurs, 1er et 2ème prix en 100m messieurs.

Du 10 au 18 décembre 2016 : Participation de deux de nos athlètes aux Dixiades, sorte de jeux olympiques nationaux. L'un s'est classé 7ème sur 20 au 100m.

Le 10 décembre 2016 : Participation des jeunes intégrés dans les lycées et collèges au 1er meeting départemental de la Fédération Nationale des Sports Scolaires ligue A en 100m et 400m, et participation de 2 judokas licenciés représentant leur établissement, toujours dans le cadre de la Fédération Nationale des Sports Scolaires ligue A.

Le 10 février 2017 : Participation aux festivités du 11 février (Fête Nationale de la Jeunesse) pour le 100m et le 400m.

Le 19 mai 2017 : Clôture de nos activités avec la participation des jeunes garçons aux festivités du 20 mai (Fête de l’Unité Nationale du Cameroun). Démonstration de cécifoot au stade du CENAJES de Dschang en présence des autorités de la ville.

Au niveau des activités de loisirs, j’ai accompagné Lawrence pour la visite des enfants au lac municipal et au musée des civilisations de Dschang.

Les cours de soutien en EPS (éducation physique et sportive)

Ce sont des cours théoriques d’EPS dispensés aux jeunes du centre qui présentent un examen officiel en fin d’année. Du 5 février au 14 mai 2017, le dimanche de 14h à 16h, étude de plusieurs disciplines :

L’athlétisme : les courses, les lancers, les sauts

La gymnastique

Les sports collectifs: volleyball, handball, football, cécifoot…


 

La transcription des copies des examens séquentiels et officiels

En marge de mes activités sportives et de loisirs, j’ai assisté Lawrence et Hortance pour la transcription des copies des examens séquentiels, devoirs de classe et examens de fin d’année scolaire, au Collège Notre-Dame et au Lycée Classique de Dschang. J’ai eu l’insigne honneur d’être choisie par le directeur Paul Tezanou pour faire partie de l’équipe de transcription et de supervision des examens pour le BEPC et le Probatoire.

Les difficultés rencontrées et les perspectives

Les activités menées au centre se sont bien déroulées, en dépit de quelques freins :

-         Insuffisance du matériel didactique ; 

-         Difficultés à pratiquer des activités sportives à l’intérieur du centre, le sol étant très accidenté ;

-         Problème de transport pour la coordinatrice qui habite à 10km de son lieu de travail ;

-         Manque de documentation sur les différentes disciplines à travailler.

Quelles perspectives pour l’an prochain ?

-         Sensibiliser les jeunes filles à la pratique du sport ;

-         Initier les plus jeunes élèves aux différentes activités sportives ;

-         Participer au championnat civil de cécifoot, goalball et athlétisme, en espérant que l’un de nos athlètes soit appelé en équipe nationale.

-         Encourager nos deux judokas à persévérer dans leur pratique en souhaitant qu’ils représentent leur établissement à la finale de la Fédération Nationale des Sports Scolaires ligue A.

 

Je ne saurais terminer ce rapport sans remercier le directeur d’avoir doté le centre d’un ballon de goalball, ainsi que d’avoir assuré le transport et la nutrition des jeunes pendant les différentes compétitions sportives.

NB : par curiosité, j’avais appris l’écriture braille au centre grâce à Christiane Ngaloti, l’enseignante Congolaise, puis je me suis formée à la lecture braille. Cet apprentissage m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences que j’ai réinvesties auprès de l’équipe de transcription, au bénéfice des jeunes collégiens et lycéens, après le départ de l’accompagnatrice scolaire. Je suis fière d’avoir enrichi mes connaissances et de les avoir mises au service des élèves du Centre des Jeunes Aveugles de Dschang.

La coordonnatrice des activités sportives,

FEZE Harlette


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CERIAV, Centre Artisanal des
Entrepreneurs Aveugles du Cameroun
par Rémy Nsabimana (BBC Afrique, 22 août 2017)

 

Tout est tissé grâce au touché. Ils ne voient rien (ou presque) de ce qu'ils font, ils se contentent de le ressentir. Des artistes de talent qui ne verront probablement jamais la beauté de leurs créations.

Sur le marché, leurs produits rivalisent et s'imposent par leur qualité et leur beauté. Difficile d'imaginer qu'ils ont été faits à la main par des aveugles et malvoyants.

C'est à PK20, un quartier périphérique de Douala, à 20 km du Centre-ville, que ces jeunes entrepreneurs particuliers passent une bonne partie de leur temps. Tables, chaises, paniers, c'est à la main et au touché qu'ils tissent pour survivre.

« Pour fabriquer un objet, nous partons d'abord d'un autre objet que nous avons touché. La forme est renvoyée dans notre cerveau qui communique ensuite à nos mains ce qu'il faut faire. Au fur et à mesure que nous tissons, nous touchons pour sentir si cela ressemble à ce que nous avons précédemment touché", explique Pierre-Marie Kouogne Kadji, formateur en vannerie et promoteur du Centre de Recyclage et d'Intégration des Aveugles de Douala (CERIAV).

 Ce centre n'est pas seulement leur lieu de travail, il constitue pour beaucoup l'unique chance de bénéficier d'une formation et d'une source de revenus.

"L'objectif principal est de former et recycler les mal et non-voyants afin de leur assurer une autonomie effective. Nous avons ainsi mis en place une structure intégrée de recyclage qui, en même temps, forme et produit tout en employant ceux qui ont été formés", poursuit Pierre-Marie.

Quarante-sept aveugles ont déjà été formés. Des jeunes pour la plupart, qui vivent sans voir. Des exclus sociaux qui doivent tous les jours faire face à leur handicap, à la stigmatisation et à la précarité.

Au Cameroun, on en compte des milliers dans cette situation. Difficile d'avoir des chiffres exacts.

 

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Nouvelles de la Maison de l'Espérance de Bethléem
par Danielle Beck

 

Bonjour à tous, amis de la Maison de l’Espérance de Bethléem

Anne-Sophie et Christophe Droulers, le Président des Enfants des Oliviers, ont été en Palestine au mois de mai dernier visiter les différents centres, école, maisons que l’association aide, afin que les liens que nous tissons soient solides.

Pour la Maison de l’Espérance, ils ont rencontré le Pasteur George Award, qui leur a fait visiter les locaux, parler du passé, du présent et de l’avenir. Les locaux communs ont été repeints, des chambres ont été aménagées pour les filles. Il a développé un projet de crèche pour permettre à des jeunes femmes de travailler. Il leur a joyeusement dit qu’il comptait sur nous !

Alors si vous voulez participer, vous pouvez envoyer un chèque libellé à «Enfants des Oliviers» directement chez moi

Danielle Beck, 5 avenue du Général de Gaulle, Résidence Parc St Nicolas, 78450 Villepreux.

Sachez aussi qu’un pèlerinage « Notre Dame de la Lumière Voir Ensemble » est prévu en novembre 2018 et que nos pas nous mèneront vers eux.

D’autre part, le Calendrier de la Paix 2018 est prêt : les photos ont été prises par Christophe lors de ses visites en mai 2017. Vous pouvez acquérir ce calendrier, au prix de 9 € frais de port inclus, en le commandant à Christophe Droulers 69 avenue du Grand Parc 78450 Villepreux.

Vous pouvez en parler autour de vous, amis, paroisses, proches… ou l’offrir en cadeau pour faire connaitre notre association.

Merci de votre générosité

 

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Courrier de nos partenaires et de nos lecteurs

 

Courriel du directeur du CESA (Yaoundé, Cameroun), reçu le 13 août 2017

Monsieur le Président et cher ami,

C'est avec un grand plaisir que j'ai l'honneur de vous adresser le bilan résumé de nos activités pour le compte de l'année scolaire écoulée.

 

Nos effectifs étaient les suivants:

- École primaire: 23 élèves dont 15 garçons et 8 filles.

- Accompagnement au lycée d'Anguissa : 12 élèves dont 4 en sixième, 1 en cinquième, 2 en quatrième, 1 en troisième, 2 en seconde et 2 en première.

- À l'université nous avons accompagné 4 étudiants en première et deuxième années, soit un total général de 39 élèves.

Nos résultats sont les suivants:

-     CEP: 3 candidats sur 4, soit 75% ;

BEPC : 1 sur 1, soit 100% ;

-     Probatoire : 2 sur 2, soit 100% ;

NB: Il n'y a pas eu de candidat au baccalauréat.

Les promotions en classes intermédiaires ont été de 100%.

Il n'est pas inutile de rappeler que nous avions accueilli deux dames devenues aveugles à l'âge adulte. Elles ont reçu une formation en mobilité.

 

Nos difficultés sont de plusieurs ordres :

1) Nous manquons du matériel didactique suffisant pour répondre à toutes les sollicitations ( tablettes, poinçons, cubarithmes et machine braille performante et même les cannes blanches).

2) Il n'y a pas de moyens financiers suffisants pour le bon fonctionnement de toutes nos activités programmées.

 

S’agissant de notre élevage de poulets de chair, si vous ne recevez pas les rapports y relatifs depuis un bon bout de temps, c'est que suite aux conséquences de la grippe aviaire qui a frappé le Cameroun et dont les séquelles restent encore visibles (rareté des poussins et surenchères sur ceux-ci), nous avons préféré suspendre l'activité pour la reprendre lorsque tout sera mis en ordre. Néanmoins, nous avons entrepris la culture d'un champ de maïs d'un hectare pour préparer la prochaine relance. Nous vous en informerons le moment venu.

 

Information utile : Le CESA sera délocalisé dès septembre à Mbalmayo, une ville située à moins de 50 KM de Yaoundé, pour plus d'efficacité et de rendement. Un rapport sur ce transfert vous sera communiqué en temps opportun.

Voilà ainsi résumé notre travail de l'année écoulée et nous comptons sur votre constante sollicitude pour aborder la prochaine rentrée prévue le 4 septembre 2017. Nous allons continuer à accompagner tous nos enfants comme d'habitude.

 

Salutations fraternelles à toutes votre équipe et merci infiniment pour tout ce que vous faites pour nous en faveur de nos enfants déficients visuels qui se battent chaque jour pour surmonter leur handicap.

Pour le CESA, François Ndi, directeur

 

 

Courriel de Paul Jauffrit, reçu le 9 mai 2017

Bonjour,

Peut-être vous souvenez-vous de moi. Il y a quelques années, nous avions ensemble offert un duplicateur de cassettes à Abdel Houha avec qui j'étais en contact.

J'ai beaucoup aimé le dernier numéro de Solidarité Magazine où j'ai apprécié les articles de fond sur l'inclusion, et les témoignages forts sur le Maroc et celui de Michel A. Péan. Je pense que l'Afrique et tous les pays en développement ont beaucoup à nous apporter en matière de courage, de qualités humaines à nous qui, si la situation des "déficients" n'est pas parfaite, avons déjà beaucoup. En un temps où l'accueil et la présence des réfugiés semblent poser question à certains, il me paraît vital d'aider ces pays, leur développement, d'aider à ce qu'ils aient des forces vives, et d'être partenaires à part entière dans la dignité humaine la plus complète.

J'ai bien lu votre appel à l'engagement, mais j'approche à grands pas de mes 75 ans avec un certain nombre de responsabilités sociales et associatives, je suis plutôt dans l'état d'esprit de ralentir peu à peu. Mais je me sens totalement solidaire de toutes vos actions.

Bien amicalement à tous, et en particulier à Marcel Bonhommeau que j'ai bien connu à Nantes.

Paul Jauffrit.

 

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Rubrique humour

 

Suite à une crise cardiaque, un homme subit une chirurgie à cœur ouvert Il se réveille après l'opération et se trouve soigné par des religieuses dans un hôpital catholique. Comme il retrouvait ses esprits, une religieuse lui demande comment il allait payer ses soins.

-         Elle lui demande s'il a une assurance maladie.

-         Il répond d'une petite voix encore faible: "pas d'assurance maladie"

-         Elle lui demande: "Avez-vous de l'argent à la banque"

-         Il répond: "Pas d'argent à la banque".

-         Elle poursuit: "Avez-vous un membre de votre famille qui peut vous aider"?

-         Il dit : "je n’ai qu'une sœur, vieille-fille, qui est religieuse dans un couvent".

-         La sœur se fâche et lui dit: "Les religieuses ne sont pas des vieilles-filles, elles sont mariées à Dieu"!!

-         Et le patient de lui répondre: "Alors envoyez la facture à mon beau frère

 

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Recette : Poulet à l’orange

 

Pour 4 personnes, Il faut :

-         2 grosses oranges,

-         50 grammes de beurre,

-         1 cuillère à soupe d’huile,

-         4 morceaux de poulet,

-         2 oignons coupés fin,

-         2 cuillères à soupe d’eau,

-         1 cuillère à soupe de concentré de tomate,

-         sel et poivre.

 

Pelez finement le zeste de 1 orange et coupez-le en lanières minces.

Râpez le zeste de l’autre orange et pressez les 2 jus.

Faites chauffer le beurre et l’huile dans une poêle.

Faites dorer des 2 côtés les morceaux de poulet.

Enlevez-les de la poêle et tenez-les au chaud.

Faites revenir doucement 5 minutes les oignons dans la poêle, dégraissez, puis ajoutez l’eau, le concentré de tomate, le jus d’orange, les zestes râpés et en lanières.

Portez à ébullition, salez et poivrez.

Disposez une feuille de papier d’aluminium dans un plat allant au four, suffisamment grande pour pouvoir la replier vers le milieu du plat.

Posez les morceaux de poulet, versez la sauce, puis pliez la feuille d’aluminium vers le centre du plat pour fermer complètement.

Faites cuire dans un four préchauffé à 180°.

Accompagnez de pommes de terre en robe des champs.

 

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