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Une association de personnes aveugles et malvoyantes
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POUR UNE AMÉLIORATION DE LA COMMUNICATION ENTRE LA PERSONNE SOIGNANTE ET LA PERSONNE DÉFICIENTE VISUELLE

16 décembre 2021

Bonjour, merci de me permettre de parler d’un sujet qui me passionne :

‟ La communication "

Quelque-soit le genre de communication, une communication claire me semble la garantie d’une bonne entente entre tous. Mieux se connaître pour mieux vivre ensemble !

Je suis déficient visuel de naissance, un dixième avec correction et j’ai perdu complètement la vue suite à une rétinite pigmentaire à l’âge de cinquante ans ; je vis seul guidé par le chien guide Lucky…

Pourquoi s’intéresser spécialement à la communication avec la personne mal voyante ?

D’une part parce que cette communication est particulière du fait du défaut de vision.

D’autre part, cette communication est indispensable pour permettre l’expression des besoins spécifiques liés au handicap visuel.

Comprendre et mieux répondre à nos besoins lors d’une hospitalisation ou d’un parcours de soins.

Pourquoi cette communication est-elle particulière ?

À la différence de la personne mal entendante qui, elle, se sert pour communiquer de la vision    "Entendre d’un regard » titre du témoignage d’une personne mal entendante, Isabelle Kaiser Gruber, la personne privée du sens de la vue se sert de l’audition donc de   la communication verbale.

Posture, geste, expression du visage, regard de son interlocuteur ne lui sont d’aucune utilité.

Les sens lui permettant de compenser le manque de vision sont donc :   

L’audition, le toucher et l’odorat.

L’audition est pour le non-voyant le sens prioritaire, c’est donc l’expression verbale qui est essentielle.

Pour comprendre notre fonctionnement à nous, non-voyants et mal-voyants, notre devise se résume à :

Trouver des repères, créer une représentation mentale de l’environnement dans lequel nous nous trouvons, mémoriser ces repères pour plus de sécurité et d’autonomie.

La prise de repères est essentielle dans tous nos gestes de la vie quotidienne c’est même une obsession.

Lors de nos apprentissages en réadaptation : déplacements à la canne longue ou avec le chien guide, et dans nos activités de vie quotidienne : du lever au coucher, toilette, habillage, préparation et prise des repas nécessitent des repères concrets, précis et fiables.    

Comment nous aider à trouver nos repères ?

Tout d’abord en ayant une écoute attentive de l’expression de nos besoins.  Chaque déficient visuel a une façon personnelle de prendre ses repères et de les organiser.

En pratique : faire connaissance avec la chambre d’hospitalisation,

Une description précise et claire, cette description s’accompagne d’une visite guidée par le soignant directement ou à distance   suivant le degré d’autonomie.

En ce qui concerne le guidage : c’est la personne déficiente visuelle qui tient le coude du soignant pour se laisser guider par son mouvement …  Prendre le temps de toucher de vérifier pour bien mémoriser les repères.

 Le fait de se déplacer lui permet d’explorer, d’évaluer l’espace et de le mémoriser.  

Repérer l’emplacement de la sonnette, situer la prise électrique pour le chargeur du téléphone ou de l’ordinateur.

Prendre connaissance de la télécommande de la chambre manipulant le lit et celle de la télévision.

Aider au rangement des affaires personnelles, vêtements, nécessaire de toilette.

Au moment du repas, prendre le temps de faire connaissance avec le plateau repas : description des aliments, faire toucher la disposition des couverts et l’organisation de la prise de médicaments.

Eventuellement poser des repères tactiles improvisés morceau de sparadrap ou autre…

La prise de contact nécessite une approche particulière due à une certaine anxiété liée au défaut de vision ne permettant pas d’anticiper la venue d’une personne. Evidemment s’annoncer en toquant à la porte avant d’entrer, entrer sans brusquerie en se présentant : je suis Cathy, l’infirmière, je suis venue hier, je viens vous faire un soin…Ceci permet à la personne mal voyante, par la voix de repérer et de mémoriser le personnel soignant.

Il est important d’insister sur le fait qu’un lieu inconnu pour le non voyant provoque une anxiété, peur de se « perdre », de heurter un obstacle, de ne pas retrouver ses affaires, bref ses repères personnels.   

En conclusion :

Cette communication consiste en un dialogue ouvert sur une coopération et la connaissance a minima du handicap visuel.

Cette communication adaptée pour être efficace doit être précise, claire, et établie dans un climat détendu, nous permettant d’être plus à l’aise et en sécurité dans un lieu inconnu.

Pierre LE BRUN

Communication orale lors des Assises départementales handicap et soin, le 30 novembre 2021 à CASTRES.



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