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Sortie culturelle à Saint-Dié-des-Vosges

25 septembre 2020
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SORTIE CULTURELLE DU 11 SEPTEMBRE 2020

I  ) VISITE DE SAINT-DIE-DES-VOSGES
Le vendredi 11 septembre 2020, 22 membres de VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES – 11 déficients visuels et 11 accompagnants, guides ou bénévoles – ont convergé vers Saint-Dié-des-Vosges, sous-préfecture d’un peu moins de 20 000 habitants, pour la sortie culturelle d’automne. Cette sortie avait été organisée par Danielle WARIN, responsable de groupe adjointe, qui n’était pas en terre inconnue, puisqu’originaire de ce secteur, la Déodatie.

Rendez-vous avait été donné sur un parking des bords de la Meurthe, la rivière locale, où furent constitués deux groupes, afin de respecter les mesures sanitaires dues à la Covid-19, dont la distanciation sociale. De plus, chacun était équipé d’un masque, du gel hydroalcoolique étant à disposition chez les accompagnants ou dans les différents lieux où se sont rendus les membres. Christelle GRANDMOUGIN, responsable du groupe Vosges, avait au préalable parfaitement relayé toutes les consignes qui lui étaient parvenues pour maintenir les activités, dont cette sortie, si importantes pour chacun en raison de leur convivialité.

A l’Office de Tourisme de la Communauté d’Agglomération de St-Dié, Pétra HARNAVEKOVA, guide, et Lola MARCHAL, guide-assistante, ont pris en charge les groupes de VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES pour une passionnante visite de la ville. Les commentaires étaient, en outre, parfaitement adaptés aux déficients visuels, et, si besoin, les accompagnants ont détaillé comme il se devait, les curiosités, monuments, bâtiments constituant les différents buts de la visite.

Les guides ont révélé l’histoire de la ville, créée en 669 par Saint-Déodat. Mais St-Dié est aussi une cité… jeune, puisque reconstruite en quasi-totalité au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Puis le groupe a découvert le Monument aux Morts, datant de l’après Grande Guerre, dont il ne subsiste que le socle, les parties en bronze ayant été récupérées, fondues et réutilisées pour faire des canons par les Allemands lors du Second Conflit Mondial. La première messe célébrée après la Libération a eu lieu en l’église Saint-Martin, toute proche, elle aussi construite en grès rose des Vosges, par Mgr BLANCHET.

Passant sous la porte du Japon ou Torii, les 2 groupes se sont rendus à l’ultra-moderne Tour de la Liberté, œuvre des architectes NORMIER et HENIN, créée en 1989 et installée en 1990 pour le bicentenaire de la Révolution Française, et dont la sœur jumelle avait été implantée au Jardin des Tuileries à Paris. La majorité des participants ont accédé au belvédère, à 35 m de hauteur, où les 2 guides, Petra et Lola, ont indiqué que St-Dié était entourée de 4 monts : le Kemberg, la Madeleine, l’Ormont et la Bure et son camp celtique.

Au sein de cette Tour de la Liberté, VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES, a eu accès à la salle où sont exposés les bijoux signés Georges BRAQUE. Peintre, sculpteur, graveur, « concurrent » de PICASSO, Georges BRAQUE a travaillé avec le diamantaire et maître lapidaire Heger de LOEWENFELD, pour créer des bijoux, selon des gouaches du peintre, et en utilisant, bien entendu, uniquement des matériaux nobles ! Non seulement, les déficients visuels ont pu imaginer la beauté des bijoux, puisque les accompagnants leur ont lu les descriptifs et détaillé la façon dont ils étaient conçus, mais ils ont pu caresser des sculptures dont les noms étaient empruntés à la mythologie. Tous ont manifesté une immense satisfaction à avoir pénétré dans cet environnement prestigieux.

Quittant le parc Jean MANSUY, les groupes ont sillonné la rue STANISLAS puis la rue THIERS bordée de magasins. La rue THIERS est la principale artère de la ville et sa disposition rappelle, toutes proportions gardées, les Champs Elysées à Paris. Evoquer la reconstruction de la ville au sortir de la Seconde Guerre Mondiale ne se fait pas sans citer les architectes Raymond MALOT et Jacques ANDRE, ainsi qu’un certain LE CORBUSIER, venu à St-Dié en novembre 1944 en qualité d’architecte-conseil. Si son plan, novateur, ne fut pas retenu pour rebâtir la ville, il signa une usine, la bonneterie CLAUDE-et-DUVAL, qui réunit les principales caractéristiques des constructions imaginées par l’architecte suisse : pilotis et béton armé. Cette usine, toujours en service, produit des vêtements de luxe, est classée Monument Historique et est inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Arrivés à la cathédrale, via la place Charles de GAULLE et le parvis, surélevé, Jean-Paul II, les participants ont pu bénéficier d’une fraîcheur bienvenue et de sièges bienfaiteurs. A cette heure, un peu avant midi, le soleil était déjà chaud. Petra et Lola ont décrypté tous les secrets du bel édifice de grès rose ou grès des Vosges, dont l’édification initiale, amorcée au XIIe, repose sur plusieurs siècles. En revanche, 30 années ont été nécessaires à sa reconstruction suite au dynamitage par les Allemands, en 1944. Les vitraux actuels, flamboyants, évoquent le thème du passage des Ténébres à la Lumière et ont été posés en 1986-1987.

Les 2 équipes de VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES ont découvert la nef romane, la baptistère (première chapelle nord), la deuxième chapelle nord, qui est la seule aux vitraux anciens, la chapelle aux Evêques, l’autel (moderne puisque conçu en 1974), et bien sûr, l’orgue lui aussi contemporain, construit dans le Vaucluse et au buffet de chêne. Le cloître, gothique, érigé de 1446 à 1552, a démontré tous ses atours : arcades, chaire à prêcher extérieure, galeries, ainsi que l’église Notre-Dame de Galilée.

St-Dié, est aussi la ville de Jules FERRY, promoteur de l’école publique, laïque, obligatoire, et gratuite, ministre de l’Education et des Beaux-Arts, Président du Conseil des Ministres, Ministre des Affaires Etrangères. La Ville accueille un festival annuel de géographie, le célèbre FIG, et abrite plusieurs musées. Passant devant le pluriséculaire Tilleul de la Cathédrale (700 ans au moins !), les groupes ont rejoint les voitures pour rallier Raon-L’Etape où les attendait un savoureux repas dans un restaurant côté de la localité. Et toujours en respectant les consignes sanitaires, auxquelles les 10 déficients visuels et les 12 accompagnants, guides ou bénévoles n’ont absolument pas dérogé, pour la plus grande satisfaction de Christelle GRANDMOUGIN, leur responsable de groupe.

II  ) SCIERIE HYDRAULIQUE DE LA HALLIERE A CELLES-SUR-PLAINE
Après-midi tout aussi enrichissante pour la petite colonie de VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES, qui s’est rendue, à une quinzaine de kilomètres de Raon-L’Etape, à la scierie de la Hallière, sur la commune de Celles-sur-Plaine. Havre de quiétude parmi les versants vertfoncé ou bleu-nuit peuplés de résineux, la scierie de la Hallière a fonctionné à l’énergie hydraulique jusqu’en 1976, année de sa cessation d’activité.

Classée Monument Historique en 1978, celle-ci a été remise en état en 1981. Un incendie la ravagea en 2001 et l’association qui la gérait, « Les Amis de la Hallière », en assura la reconstruction dès 2011, aux bons soins d’entreprises hautement qualifiées en maçonnerie de pierre taillée ou en charpente traditionnelle.  Elle fonctionne comme il y a 150 ans et peut assurer un débit de 3 mètres cubes de bois scié par jour.

Scindée en 2, la délégation a bénéficié tout au long de la visite, de commentaires adaptés, passionnants et enthousiastes des guides, tous membres de l’association « Les Amis de la Hallière ». Historiquement, les lieux furent des forêts profondes, difficiles à exploiter, protégées par les ducs et princes de Salm il y a bien longtemps, et aux accès rares et difficiles.

Au fil des siècles, jusqu’à 50 scieries ont animé la vallée de la Plaine, cette rivière qui rejoint la Meurthe à Raon-l’Etape, et qui n’est plus consacrée à l’activité forestière. Aujourd’hui, la Plaine véhicule des eaux de la retenue toute proche de Pierre-Percée pour augmenter le débit de la Moselle, après avoir gonflé celui de la Meurthe, afin de mieux refroidir la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle, à 150 kilomètres de là.

La scierie de La Hallière fonctionne donc grâce à l’eau. Celle-ci est « empruntée » à la Plaine, et, par le biais d’un canal d’amenée creusé spécialement, alimente un étang. Lequel redistribue le précieux liquide par un bief, faisant tourner la roue à pales de la scierie, d’un diamètre de 4,20 mètres, délivrant une puissance de 15 chevaux.

Mû par cette roue à pales, tout un système d’engrenages, de courroies et de poulies actionne 2 bielles. L’une est reliées au haut-fer (la scie alternative) pour débiter les grumes (ou « tronces », en vosgien…). Planches, madriers, poutres, liteaux voient ainsi le jour, grâce aussi à un astucieux système de cales en bois appelé le…catéchisme, permettant d’obtenir les épaisseurs requises. Sapin, épicéa, douglas sont des essences de résineux couramment exploitées.

Les grumes étaient apportées par équipages de bœufs ou chevaux. La production était expédiée par flottage sur la Plaine, la Meurthe, la Moselle et allait jusqu’en Hollande. Le train a transporté, pendant la petite cinquantaine d’années qu’a duré le service du chemin de fer de Raon-l’Etape-Raon-sur-Plaine, tous les produits de scierie, dans la première moitié du XXe.

Ainsi prit fin la journée culturelle de VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES, édition de septembre 2020. Tous les participants, arborant de larges sourires (malgré…les masques, mais une note d’humour ne peut nuire) ont reçu d’excellents accueils de la part des organismes qui ont assuré les visites. Et en retour, la délégation tout entière de VOIR ENSEMBLE GROUPE VOSGES a été enchantée par ce qu’elle a pu découvrir, entendre, toucher. Si l’on y ajoute la grande qualité du repas servi à midi, la journée est une totale réussite. Christelle GRANDMOUGIN ne pouvait que féliciter Danielle WARIN, responsable de groupe adjointe, pour la qualité de l’organisation de cette belle et enrichissante sortie parmi la Déodatie et la vallée de la Plaine, magnifiques sites vosgiens.

Patrick Haxaire 



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